Le féminisme comme néochristianisme : essai sociologique (par Anna Maleccio)




Anna Maleccio a voulu développer et étoffer ses pistes évoquées dans l'article précédent, voici son essai sur la nouvelle religion féministe. 


Introduction et mise au point

L’association du féminisme à une quelconque forme de christianisme pourra sembler audacieux, téméraire voire oxymorique pour les plus pragmatiques d’entre nous. Le mariage idéologique entre ces deux concepts semble de prime abord des plus improbables, du fait que l’un prône l’émancipation et la liberté sexuelle – qu’importe le galvaudage que l’on a pu faire de ces derniers mots – et l’autre une chasteté de corps et d’esprit, bâtie sur une modestie un point culpabilisante en plus d’être quasi exclusive à la femme. Le christianisme serait conservateur, machiste, rétrograde et sexophobe, là où le féminisme appellerait à la pacification des rapports hommes-femmes par une révolution culturelle, sociale, politique et sexuelle où la femme jouira sans entraves (et pour certaines, sans homme) de droits comme d’autres choses. Tel est le postulat communément admis par le commun des mortels, lequel n’analysera pas plus en profondeur les fondements idéologiques de ces deux courants, et se contentera d’une dichotomie manichéenne fort confortable. S’il reste un poncif commode, il n’en est pas moins partiellement exact, dès l’instant où l’on n’inclut dans sa grille d’analyse qu’un catholicisme poussiéreux et un féminisme d’avant-garde, tout aussi stéréotypé et tout aussi ringard que son opposant. Ce serait oublier la diversité des écoles de pensée et les ramifications qui ont conduit aujourd’hui les plus réalistes à dire qu’il n’existe pas un mais des christianismes, pas un mais des féminismes. Fort de cette diversité, d’aucuns dirait qu’il ne sert à rien de confronter les deux courants, féminisme et christianisme, puisqu’il y a autant d’adeptes que visions de ces derniers et notent l’impossibilité de prendre en compte tous les points de vue de chaque côté du ring. Si effectivement, le christianisme et le féminisme ne sont que des idées que chacun peut appliquer à sa façon dans son quotidien, il existe néanmoins des bases communes sur lesquelles se sont construites les différentes écoles de pensée, et c’est sur ces bases communes que nous devons calquer notre grille de lecture. Ainsi, tous les chrétiens du monde pensent au minimum qu’il existe un Dieu créateur de l’univers, que Jésus-Christ est son fils et qu’il est mort sur la croix pour les péchés des hommes. De même, toutes les féministes du monde pensent que la femme mérite d’être valorisée au point d’atteindre un statut social et juridique similaire en droits à celui de l’homme. Toutefois, nous ne nous attarderons pas sur ces fondements en question, il s’agit ici d’un bref rappel et d’une contre-argumentation basique face à ceux qui prétendraient qu’un courant politico-religieux est impossible à critiquer à cause de l’infinie diversité d’applications et de visions des gens qui s’en réclament.

Féminisme de troisième vague

Le féminisme qui nous intéresse aujourd’hui est celui qu’on appelle féminisme de troisième vague. Contrairement à ses aînés, ce féminisme ne revendique plus l’acquisition de droits juridiques supplémentaires pour les femmes – ce qui serait de toute façon impossible à moins d’empiéter sur ceux des hommes, puisque l’égalité de droits revendiquée par le féminisme libéral est déjà acquise en Occident – mais la déconstruction d’un système de domination interne de la femme sur l’homme, inconscient et officieux, qui agirait dans toutes les sphères de la société et à tous les niveaux de pouvoir ; de la simple interaction entre vous et votre boulangère à l’élection d’une femme à la tête d’un pays. L’inégalité ne serait plus seulement dans la loi, le système politique et les institutions. Elle serait présente jusque dans votre couple, jusque dans votre salon, jusque dans vos WC. Bien plus audacieux, pour ne pas dire mégalomane, ce nouveau féminisme s’entend s’attaquer à tout ce système de domination inconscient, par la porte ou par la fenêtre, par les armes ou par le clic. Ce système, elles le baptisent solennellement patriarcat. Insistons sur le terme de baptême car là commence notre premier rapprochement avec le christianisme. Car le patriarcat, dans la bouche des féministes, revêt presque une signification religieuse. Démon éternel, adversaire millénaire et ennemi symbolique qui perpètre ses maléfices dans chaque recoin de notre vie quotidienne, il est une espèce d’idole omnipotente à qui tous prêtent allégeance depuis la nuit des temps, sans même y penser, et qui se cache dans les plus innocentes actions quotidiennes. La nuit des temps ? Non, pas tout à fait. Car cela reviendrait à supposer que ce que les féministes de troisième vague appellent patriarcat – et qui, c’est bien commode, peut désigner absolument tout et n’importe quoi – est le système unique et naturel auquel nous ne nous soumettons que par impulsion innée et indécrottable. Cela est bien évidemment faux ; des systèmes matriarcaux ont existé et continuent de subsister à travers le monde, qu’il s’agisse des Moso en Chine, des Zapotèques en Amérique latine ou les Khasi en Inde. Le féminisme de troisième vague le sait bien, il ne cesse de clamer que les fondements de ce patriarcat ne sont que constructions sociales acquises qu’il convient de dépasser. Si cela est partiellement exact d’un point de vue juridique et parfois anthropologique, certains postulats visant à saper ces fondements vont en totale contradiction avec ce que nous savons aujourd’hui de la biologie, de la reproduction et des premières sociétés humaines. Loin de se contenter de reconnaître que le patriarcat sociojuridique est un système non inné et naturel, le féminisme de troisième vague va jusqu’à prétendre que les différences mêmes entres les hommes et les femmes sont des constructions sociales sans véritables fondements scientifiques, ce qui fera hurler de rire quiconque a un minimum étudié les sciences, peu importe de laquelle il s’agit. De la même manière, les récits bibliques créationnistes sont une aberration d’un point de vue biologique. Comme la Bible croit en un homme fait naturellement bon et vierge de tout péché, l’homme naturel selon le féminisme de troisième vague est sexuellement indifférencié, fondamentalement égalitariste, radicalement pacifique et surtout, vierge de toute prédisposition génétique, biologique et physiologique à certains comportements.

Essai de définition

Tout d’abord, revenons sur un terme cher aux néoféministes ; le patriarcat. Etymologiquement, il s’agit de la contraction des termes grecs « patria » désignant la lignée paternelle et « arkho », désignant le commandement et le fait d’être chef. Littéralement, le commandement au père. Ce système suppose plusieurs choses. Premièrement que le pouvoir se transmet du père vers le fils, délaissant ainsi les femmes du partage des biens, du commandement du clan familial et la généalogie. Deuxièmement, par extension au pouvoir qu’il détient au sein de son foyer, le père détient le pouvoir au sein de la société tout entière : dans les institutions, au sein du clergé, dans le milieu intellectuel etc. Troisièmement, par voie de conséquences aux deux premières conditions, que les femmes sont exclues de la sphère de pouvoir et ne transmettent rien dans leur lignée. L’enfant appartient à l’homme, voilà concrètement la fondation d’un système patriarcal. Il est donc parfaitement absurde de parler de patriarcat dans l’Occident moderne, où la femme peut autant décider du sort et de la garde de ses enfants, où l’autorité et les droits parentaux sont également partagés (mais pas toujours équitablement, quand on sait que les femmes sont souvent largement gagnantes dans les affaires de divorce et de partage de gardes des enfants), où la femme a autant le droit qu’un homme d’accéder à une position de pouvoir au sein des entreprises et des institutions et où il n’existe aucune différence de traitement sur le plan juridique entre les hommes et les femmes. Mais les féministes de troisième vague vous rétorqueraient qu’il s’agirait d’une définition trop réductrice du patriarcat, puisqu’il s’agit d’un système qui s’infiltre dans toutes les sphères de la vie quotidienne, dans votre mental, dans votre rapport au corps, dans votre langage, jusque dans votre nourriture. Tout est patriarcal, le patriarcat est partout, tout le temps. C’est une sorte de gaz toxique inodore, incolore, insipide, mais qui serait présent partout. Même le déneigement serait patriarcal selon Caroline Criado Perez, féministe de troisième vague intimement convaincue que l’Occident actuel opprime encore largement les femmes, malgré une totale égalité juridique, pléthore d’associations féministes payées par l’Etat (citez-moi une seule association de défense des droits des hommes subventionnée par le gouvernement, vous n’en trouverez aucune), un féminisme largement vanté dans les médias et la publicité comme vertu cardinale et une féminisation grandissante de la vie publique. Mais comment, se dit celui qui observe le monde de Metoo, de Balance ton porc et de la Women’s March, comment peut-on croire à une quelconque oppression systémique (retenez ce mot) en Occident, malgré toutes les preuves du contraire ? C’est ce que nous allons tenter d’expliquer en faisant le parallèle avec la religion qui, plus qu’être jumelle diabolique du féminisme, en a carrément accouché dans son agonie. Notre démonstration visera tout d’abord à démystifier certains mythes du féminisme de troisième vague, toujours en les mettant en miroir avec la religion chrétienne. Ensuite nous donnerons une explication sociologique à l’adhésion quasi unanime à ce féminisme, qu’il s’agisse de l’élite politico-médiatique ou du peuple et nous conclurons par des pistes de réflexion, n’imposant rien et ne prétendant nullement être parole d’Evangile, sur des solutions envisageables aux problèmes que rencontrent aujourd’hui les hommes et les femmes afin de tendre vers une possible réconciliation.

L’indifférenciation des sexes : faits et conséquences

Le biologiste Colin Wright les appelle « the new evolution deniers », les nouveaux individus à nier l’évolution. Le premier parallèle avec le christianisme transparaît ici. La doctrine chrétienne a essayé, à l’épreuve des théories darwiniennes, de s’extraire du carcan de la Genèse et se présente aujourd’hui sous un jour plus moderne, comme une simple spiritualité fondée sur des contes métaphoriques à ne surtout pas prendre au premier degré, quand elle n’essaie pas carrément de faire concorder ses postulats avec la science moderne (et se casse les dents à chaque fois, comme on s’en doute). Piètres tentatives en vérité, car le christianisme ne peut être compris qu’à travers le prisme de la Genèse. Si l’Homme n’est pas une créature à l’origine pure et sans défaut, créée à l’image de Dieu, qui aurait été ensuite corrompue par l’entité extérieure de Satan, alors point de péché originel, point d’âme à racheter, point d’Alliance et d’utilité au sacrifice du Christ ; sans péché induit par la tentation de Satan chez une âme originellement pure et parfaite, alors la foi en Christ perd tout son intérêt. Si l’Homme est le fruit d’une lente évolution du micro-organisme unicellulaire vers le mammifère hominidé, que ses comportements répréhensibles se rencontrent chez d’autres espèces et trouvent une explication dans des adaptations à son environnement, alors plus de repentance à exécuter puisqu’il s’agit de notre nature, de notre comportement inné, de quelque chose qu’aucune foi ne rachètera ni n’effacera jamais. Dans le dogme féministe, le mythe de l’homme bon corrompu ultérieurement par le monde extérieur, telle Virginie mourant noyée à cause de la pudeur qui lui intime de ne point retirer sa robe pour nager, Adam n’est plus fait à l’image de Dieu mais bien de la femme. Semblables en tout point, capables des mêmes choses et mus par les mêmes passions, homme et femme ne seraient que des termes holistiques, des catégories désuètes et bigotes qu’il conviendrait de dépasser. Satan ici prend le nom de patriarcat, cette soif de l’homme au pouvoir qui lui donne envie d’asservir les femmes, tuer les homosexuels, pousser ses fils à la guerre après se les être appropriés, construire des tours phalliques sur les espaces naturels, rouler au diesel, boire de la bière en beuglant devant un match de foot et même avoir l’outrecuidance de bander au petit matin. L’homme est arraché (par qui ?) à son état naturel d’androgyne bisexuel qui ne mange que végétal, louange les aisselles poilues de sa femme et prend plaisir à donner le biberon à un enfant qui n’est probablement pas le sien. Cette vision pittoresque est nécessaire à la doctrine féministe, car si l’homme a été le bon sauvage que Rousseau a vanté à une époque où l’on ne connaissait pas la génétique, s’il a été bon au moins une fois et n’a fait qu’être la victime du virus patriarcal, on peut tout aussi bien espérer l’en guérir pour retourner à cette androgynie originelle. Malheureusement pour nos adeptes du déconstructivisme et de la psychologie de l’ardoise vierge, les faits scientifiques n’ont de cesse de contrecarrer ce postulat comme Darwin a pulvérisé le fixisme de la Genèse. Les comportements sexuels ont eux aussi été conditionnés par la génétique, l’épigénétique, l’évolution, les hormones et oui, avouons-le, un peu la culture. Il est par exemple prouvé qu’en Occident, un bébé habillé en rose sera perçu comme plus mignon et un bébé en bleu plus costaud, peu importe qu’il s’agisse d’une fille ou d’un garçon. Une étude de 1999 menée par Virginia Valian a pu montrer que l’éducation des filles et des garçons est biaisée dès un âge très précoce par des stimulations différentes et des traitements spécifiques à leur sexe. Néanmoins, ces biais culturels n’entrent nullement en contradiction avec des différences neuroanatomiques avérées (Joel et al., 2015), et synthétisées par méta-analyses (Ruigrok et al., 2014), comme la variation de taille du cerveau selon le sexe ni avec les différences de capacités cérébrales spécifiques des hommes et des femmes (lesquelles n’affectent pas cependant l’intelligence et la cognition générale, (Burgaleta et al., 2012)). Une étude chinoise de 2019 a pu prouver que l’on pouvait identifier le genre d’un cerveau par IRM grâce la morphologie corticale. Concernant les habiletés cognitives, il est prouvé que les hommes sont la plupart du temps meilleurs en rotation mentale dès l’âge de 3 mois (Parsons et al., 2004 ; Levine et al., 1999 ; Quinn et Liben, 2008) tandis que les femmes sont généralement meilleures en fluence verbale (e.g. Hyde et Linn, 1988). Des différences comportementales, notamment au niveau du jeu, ont pu être objectivées chez des singes et ressemblent sensiblement aux comportements de jeux sexués des humains. D’après les travaux de Sonya Kahlenberg et Richard Wrangham sur base de leurs observations des chimpanzés dans un parc zoologique d’Ouganda, les femelles traitent des bouts de bois comme des bébés, les bercent et les cajolent tandis que les mâles jouent avec en s’en servant comme d’outils. En 2008, Kim Wallen du Centre de Recherche National sur les Primates à Atlanta a mené une expérience similaire avec des Macaques Rhésus et des jouets humains, montrant que les femelles se dirigeaient le plus souvent vers les poupées et les mâles vers les voitures (chez l’homme, la pression sociale n’expliquerait que 10 à 20% de la tendance à choisir des jouets stéréotypés). En 2000, Simon Baron-Cohen de l’Université de Cambridge a mené une autre expérience sur des nouveau-nés en leur montrant un mobile et un visage, le mobile devait avoir la même couleur que l’autre image et était constitué de ce même visage décomposé auquel on avait ajouté une petite balle qui bougeait lorsqu’il tournait. Les bébés féminins préféraient majoritairement les visages tandis que les bébés masculins optaient en majorité pour le mobile. Il est par ailleurs aberrant de ne pas voir de lien entre l’agressivité et la testostérone, hormone dix à douze fois plus importante chez l’homme que chez la femme (ce que prouve une taille d’effet de 0,4 entre hommes et femmes sur l’agressivité). Cela ne signifie pas qu’individuellement, tous les hommes sont plus agressifs que toutes les femmes, mais dans les cas d’agressivité extrême, on trouvera trois à cinq fois plus d’hommes que de femmes. Cela ne veut pas dire non plus que tous les hommes entre eux et toutes les femmes présentent à chaque fois les mêmes spécificités neuroanatomiques, cela se présente plutôt comme une mosaïque avec des caractéristiques cérébrales des deux sexes mais avec une prédominance pour chaque (Joel et al., 2015). Les différences induites par l’éducation, bien que largement surestimées et le plus souvent explicables d’un point de vue évolutionniste, coexistent et interagissent de concert avec d’indéniables différences anatomiques et biologiques, le faux-dilemme qui nous oblige à choisir entre le tout éducation ou le tout biologique est un sophisme grossier qui prouve une profonde méconnaissance de la méthode scientifique. En outre, les différences entre cultures sont largement fantasmées par les féministes de la troisième vague ; les rôles de genre sont relativement constants et universels. Même dans les sociétés matriarcales, les femmes gèrent le foyer et s’occupent des enfants tandis que les hommes ont pour mission d’assurer la protection du clan et l’apport de ressources. Les fillettes sont davantage poussées vers l’empathie et les comportements prosociaux tandis que l’agressivité des garçons est plus largement sollicitée. Une méta-analyse de 2015 prouve d’ailleurs que les différences culturelles sont en réalité minimes et que les différences sexuelles sont constantes à travers les âges, les cultures et les générations (Zell, E., Krizan, Z., & Teeter, S. R. (2015). Pourtant, lorsque vous avancez ces faits devant les féministes de la troisième vague, elles les balaient d’un revers de la main et vous rétorquent en vrac ; que vous tentez d’utiliser la science pour justifier la domination masculine (procès d’intention absurde, aucun fait scientifique ne peut accréditer une quelconque supériorité morale ou intellectuelle de l’homme sur la femme), que la science occidentale est biaisée par le sexisme (même lorsque celle-ci est étudiée par des femmes et des Asiatiques et qu’elle prouve que les femmes sont aussi intelligentes que les hommes), que ces études sont ethnocentrées (comme si le cerveau d’un homme africain était différent du cerveau d’un homme européen, n’est-ce pas un peu raciste ?) ou que ce qu’elles ressentent ne concordent pas avec les faits. Celles qui se seront un peu plus documentées sur le sujet vous brandiront la carte très pratique des intersexes. Effectivement, il existe des individus qui ne rentrent pas dans les catégories homme et femme, pour cause d’anomalies génétiques la plupart du temps. Ces personnes, méritant bien évidemment respect et considération de leur individualité au même titre que tout être humain, ne sauraient toutefois invalider les catégories d’homme et de femme, d’une part car elles représentent à peine 2% de la population mondiale selon la recherche et parce qu’elles sont justement le fruit d’un dysfonctionnement lors du processus de sexuation, entraînant souvent d’autres symptômes (lymphœdèmes et maladies cardiaques pour le syndrome de Turner, fatigue et ostéoporose pour le syndrome de Klinefelter). L’exception confirme la règle, elle ne l’annule pas. Trouverait-on pertinent d’expliquer le fonctionnement cérébral normal sur base de la trisomie ?

Cependant, on peut accorder le bénéfice du doute aux féministes. Tout le monde ne maîtrise pas les statistiques ni ne possède de scanner IRM dans son garage pour vérifier le cerveau de sa boulangère. Admettons. C’est seulement lorsque le déni scientifique devient trop gros, trop absurde, trop évident, que l’on se rend compte qu’il y a un problème dans la rhétorique féministe. L’on a vu en 2017 le journal a priori sérieux l’Obs partager le podcast de Nora Bouazzouni, auteure de « Faiminisme », qui reprend la thèse de Priscille Touraille, selon laquelle les femmes seraient plus petites et moins musclées que les hommes parce qu’elles auraient été privées de nourriture à la préhistoire… et ce malgré la génétique responsable de 80% de la taille adulte, le fait que les hormones sexuelles travaillent de concert avec les hormones de croissance, que la testostérone (hormone anabolisante) soit nécessaire à la prise de muscles et beaucoup plus importante chez l’homme de par sa prédisposition à une plus forte musculature, que le métabolisme masculin soit plus élevé et surtout, malgré l’abondance de statues de Vénus préhistoriques grassouillettes aux courbes très généreuses… qui paradoxalement, sont prises en compte lorsqu’il s’agit de défendre le « body positive ». Que l’on affirme qu’homme et femme ont le même cerveau, soit, personne ne peut le vérifier à moins de disposer d’un laboratoire, de statisticiens et de milliers de participants. Mais entendre prétendre que c’est la privation de nourriture qui a rendu les femmes petites et non la sélection naturelle devrait hérisser le poil à quiconque est allé à l’école jusqu’à l’âge réglementaire, et lui faire se poser de sérieuses questions sur le bienfondé de cette idéologie.

Bref, assez de science pour aujourd’hui, vous avez compris où cet essai voulait en venir. Mais quelle importance que les hommes et les femmes soient les mêmes ou pas, se demandera le lecteur perplexe. L’importance est capitale. S’il n’existe aucune différence entre les hommes et les femmes, alors non seulement ça sape tous les fondements des relations intersexuelles et oblige à remettre en question tous nos goûts et comportements, mais cela invalide de facto l’objectif du combat féministe. Si hommes et femmes sont exactement pareils, comparables en tous points, aussi agressifs et combattifs l’un que l’autre, partageant le même niveau d’empathie et de confiance en soi bref ; si homme et femme sont des clones parfaits, comment expliquer, toujours selon la vulgate féministe, que l’un ait pris le dessus sur l’autre pendant des milliers d’années ? Et surtout, comment expliquer que le clone dominé et possédant toutes les capacités du clone dominant n’ait pas réussi à se défendre ? A renverser l’ordre patriarcal ? Sur base de quoi un homme entièrement similaire à la femme a-t-il pu baser sa domination ? Les hommes se seraient-ils tous concertés le soir dans des caves, dans un immense complot mondial pour asservir leurs clones à chromosome XX ? Prenons l’exemple de la carrière ; si les femmes étaient exactement pareilles que les hommes, elles opteraient pour des carrières stéréotypées masculines dans les pays qui protègent les femmes. Or, c’est exactement l’inverse qui se passe : plus un pays est féministe et combat les stéréotypes de genre, et plus les femmes choisissent des carrières stéréotypées féminines. L’exemple le plus parlant est celui de la Norvège, pourtant connue pour sa lutte contre le sexisme : 90% de femmes infirmières contre 90% d’ingénieurs masculins. En Orient, en revanche, les femmes qui étudient s’orientent le plus souvent vers les sciences dures.

Autre incohérence du socio-constructivisme : s’il suffit d’être élevé comme une femme pour se sentir femme, et comme un homme pour se sentir homme, alors comment expliquer la transsexualité ? Comment expliquer que celui qui reçoit l’éducation spécifique à un sexe y soit réfractaire et se sente appartenir à l’autre et ce, dès un âge très précoce ? L’éducation devrait normalement étouffer dans l’œuf ce sentiment de se sentir étranger dans son corps, non ? Comment expliquer l’homosexualité, le fait d’être attiré par le même sexe ? Pourquoi prendre la peine de chercher l’amour auprès du même sexe, quitte à s’exposer à la violence, si ce dernier ne diffère pas du sexe opposé ? La théorie socio-constructiviste s’invalide d’elle-même et invalide la justesse de ses combats. Les femmes ont quitté le carcan patriarcal judéo-chrétien des temps anciens pour se retrouver claquemurées dans un autre, encore plus étouffant car en totale contradiction avec leur nature profonde. La femme moderne doit aujourd’hui mener une carrière d’homme et délaisser l’idéal d’une vie de famille, pour le plus grand bonheur du grand Capital qui accueille à bras ouverts ces nouvelles recrues désormais aussi libres de vouer leur vie à l’entreprise et à la consommation que leurs homologues masculins. Elle doit avoir honte de désirer un enfant, honte de ne pas être aussi musclée que son frère, honte de préférer les poupées aux voitures et honte d’aimer se faire belle. Gare à elle si elle veut se consacrer à un seul homme, la femme moderne est de facto bisexuelle (ou plutôt pansexuelle, n’oublions pas d’être inclusifs), adepte du sadomasochisme et des orgies en tout genre, elle se libère grâce à son sextoy et conquiert son clitoris, lequel se doit d’être partout ; dans la peinture, dans les sketchs d’humoristes, dans la bouche de son amant etc. Peu importe si cette sexualité débridée la névrose et l’esseule, peu importe si elle se retrouve à la trentaine sans la moindre stabilité relationnelle et rattrapée par son horloge biologique : elle aura combattu le démon patriarcat et c’est tout ce qui compte.

Impossible intersectionnalité

Un autre mot cher au cœur des féministes de troisième vague est l’intersectionnalité : cette théorie élaborée par l’Américaine Kimberlé Crenshaw et héritée de la sociologie française des années soixante qui consiste à croire qu’il y a une convergence entre les luttes féministes et antiracistes. Personnes non-blanches (plus que seuls les Blancs peuvent être racistes d’après les adeptes de cette théorie) et femmes auraient des intérêts communs dans une lutte contre un ennemi également commun : l’homme blanc. Cette théorie désigne donc un dénominateur commun et universel aux malheurs du monde. Le capitalisme ? L’homme blanc. L’apartheid ? L’homme blanc. Le viol ? L’homme blanc. La destruction des écosystèmes ? L’homme blanc. La tartine qui tombe du mauvais côté et la pizza à l’ananas ? Bon, vous avez compris le principe. Cette fois-ci, c’est l’Histoire qui se charge de démolir cette thèse farfelue. Dans notre société mondialisée où le pouvoir fonctionne en réseau, il est absurde de croire qu’une couleur de peau et un sexe ont le monopole du capital. La plupart des grandes entreprises en vogue sont asiatiques, la Chine implantant d’ailleurs de nombreuses succursales en Afrique et exploitant allègrement les ressources au vu et au su de tous, notamment des minerais pour les appareils électroniques. Le racisme n’est pas une invention des Européens, ce n’est pas un système comme on cherche à nous le faire croire mais un sentiment primitif et universel, hérité de réflexes de défense évolutifs, dont on retrouve des traces partout dans le monde. Les guerres tribales ont agité l’Afrique et l’Amérique bien avant l’arrivée des Européens. Ces derniers ont seulement été les premiers à théoriser dessus (et par là même, théoriser la pensée antiraciste qui n’existe d’ailleurs qu’en Occident). On rappellera aux chantres de la théorie intersectionnelle que pendant que l’abominable homme blanc finance des associations antiracistes avec ses impôts, certains restaurants japonais interdisent l’accès aux étrangers et un musée de Wuhan a mis côte à côte des photos d’Africains à côté de celles de singes pour une exposition sur l’Afrique. Quant à l’esclavage, ce dernier a été pratiqué partout dans le monde, par des Blancs comme des personnes de couleurs. La traite la plus longue et intense a été la traite arabe, qui a duré quatorze siècles et qui se soldait systématiquement par des razzias, des pillages et des castrations d’hommes noirs comme blancs. Le dernier pays à avoir aboli l’esclavage était la Mauritanie, pays africain, et c’est encore en Afrique qu’on retrouve le plus de cas d’esclavage moderne. Quant à l’écologie et au capitalisme, quand on connaît la propension des femmes au shopping, aux achats compulsifs et au choix d’hommes de préférence financièrement aisés, cette idée a de quoi faire sourire.

Passé cette parenthèse sur l’antiracisme, un problème a tôt fait d’apparaître lorsqu’on essaie de faire converger lutte pour l’émancipation des femmes et lutte pour les droits, ou plutôt l’extension des droits, des minorités ethniques. Il faut se rendre à l’évidence : les diasporas arabo-musulmane et subsaharienne (puisqu’il ne s’agit toujours que d’elles, les Asiatiques sont les grands absents du débat antiraciste) aspirent bien plus à importer leurs traditions et vivre selon les mœurs de leur pays d’origine qu’à devenir des assimilés du pays où ils se trouvent. Lorsque l’Algérien musulman arrive en France, il ne demande ni à apprendre l’histoire de France et le français, mais exige qu’on inscrive l’arabe dans la liste des langues nationales et un chapitre spécial au cours d’Histoire de ses enfants sur la colonisation (comme si l’histoire du Maghreb se limitait à ça). De même, son épouse n’en profite pas pour s’essayer à la mode française, mais réclame à corps et à cri la banalisation du hijab dans l’espace public. Les jeunes de ces diasporas s’identifient majoritairement comme appartenant à leur pays d’origine et rejettent massivement la culture française, prônant un communautariste retour aux sources factice, se montrant parfois plus attaché à l’idée de vivre à l’heure nord-africaine et africaine que leurs parents.

Or, force est de constater que les traditions et coutumes de ces régions du monde entrent en totale contradiction avec le féminisme de troisième vague, et plus particulièrement l’Islam. Cette religion est fondée sur une ségrégation sexuelle stricte, insistant à diverses reprises dans son livre saint sur l’inégalité naturelle entre l’homme et la femme : « […] Quant à elles, elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance. Mais les hommes ont cependant une prédominance sur elles […] » Coran sourate 2 verset 228 et « Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu'Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu'ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l'absence de leurs époux, avec la protection d'Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d'elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes, Haut et Grand ! » Coran sourate 4 verset 34. L’Islam stipule clairement l’obligation à l’obéissance de la femme à son époux, insistant à tel point sur cette obéissance qu’il autorise même l’époux à remédier à une défaillance de sa femme par le châtiment corporel. Les hypocrites vous diront qu’il suffit d’interpréter le verset et que les coups du mari n’ont pas pour objectif de faire mal, mais même un enfant de cinq ans aurait la clairvoyance de comprendre qu’un châtiment quel qu’il soit a toujours pour objectif une souffrance, et qu’un châtiment indolore est un non-sens. La vérité est que vous pouvez interpréter le Coran dans tous les sens que vous voudrez, vous ne parviendrez jamais à faire dire de « Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu'Allah accorde à ceux-là sur celles-ci » qu’il signifie l’exact inverse, à savoir que la femme est l’égale de l’homme. Comment expliquer donc l’engouement des néoféministes pour cet Islam qui incarne tout ce qu’elles rejettent avec force : l’inégalité de statut, la soumission et la virginité de l’épouse, l’impunité dans la violence conjugale, la toute-puissance du mari et une différenciation sexuelle claire et nette ? Comment expliquer que les néoféministes exhibent le voile islamique, signe distinctif des femmes « pudiques », comme un symbole de liberté des femmes quand ailleurs dans le monde, des femmes sont emprisonnées pour ne pas l’avoir porté ? Comment expliquer que, parmi toutes les violences infligées en toute légalité ou presque contre la liberté des femmes dans le monde arabo-musulman, les néoféministes s’obstinent à voir le mal incarné dans la Française catholique qui va à la messe ? Pourquoi cette haine obsessionnelle de l’Occident, seule région du monde où les droits des femmes et des LGBT sont assurées par la loi (essayez de parler de mariage gay à un Somalien ou un Qatari et vous verrez), et un silence criminel lorsque les dix pires pays pour les droits des femmes selon le Forum économique mondial sont tous sans exception des pays musulmans ?

Le lecteur attentif fera remarquer que ce qui se passe ailleurs ne nous regarde pas, et que le féminisme a déjà bien assez avec l’Europe occidentale. Le problème survient lorsque le féminisme de troisième vague et son intersectionnalité inepte soutient l’arrivée massive en Europe de personnes issues de culture où les droits des femmes et des minorités sexuelles sont niés ou combattus. Les effets délétères n’ont pas tardé à se faire sentir : augmentation des cas de victimes de l’excision en Europe, les viols ont explosé dans les pays nordiques en corrélation avec l’arrivée massive de migrants dans ces pays (selon une étude suédoise de 2017, 95,6% des crimes sexuels en Suède sont commis par des hommes nés à l’étranger) et même les médias officiels ont été obligés de parler des viols collectifs de Cologne du réveillon de 2016 commis par des migrants originaires de pays arabo-musulmans. Mais le silence le plus coupable des néoféministes concerne bien sûr la sordide affaire des viols de Telford, où des gangs de violeurs pakistanais ont agressé et prostitué des fillettes blanches pendant des années sans que les autorités, parfaitement au courant de l’affaire, n’en parlent par « peur d’alimenter des stéréotypes racistes » et sans qu’aucun média francophone n’en parle par la suite. Pour ceux qui voudraient rétorquer qu’on ne peut se faire une idée de la criminalité des migrants en raison de l’interdit des statistiques ethniques, qu’ils se posent sérieusement la question : pourquoi interdire les statistiques ethniques si l’on n’a aucune vérité politiquement incorrecte à cacher et si elles ne prouvent rien qui « ferait le jeu de l’extrême-droite » ?

 Pourquoi une telle détermination à combattre les regards appuyés du quadragénaire blanc à la drague pataude mais un silence gêné lorsque des gangs violent et prostituent des enfants en toute impunité ? L’obsession antiraciste et politiquement correcte des féministes de troisième vague est contreproductive, car attisant le racisme de ceux qui s’en rendent compte, et se fait complice de la criminalité la plus abominable à l’encontre des femmes. Sans doute étaient-elles trop occupées à rebaptiser les rues et combattre les publicités pour jouets sexistes…

Le féminisme de troisième vague, dans sa volonté totalitaire d’unir sous une même bannière des individus ayant des intérêts radicalement opposés, se comporte comme un messianisme visant à assembler tous les peuples dans une foi libératrice. Il rejoint une série d’autres courants messianiques : l’antispécisme, le communisme, l’antiracisme, l’idéologie LGBT… ayant tous pour but, par des méthodes parfois contradictoires, d’amener la paix sur terre et l’avènement d’un homme nouveau. L’homme nouveau dont ils rêvent n’est que le retour à leur état naturel fantasmé : l’androgyne bisexuel végan et métis vivant en totale harmonie avec la nature, sans classe sociale et dans une indifférenciation sexuelle parfaite. L’homme naturel n’a ni racine ni culture, il n’est que la production d’un immense melting pot sans caractéristique prédominante, vivant parmi une masse uniformisée d’autres hommes naturels indifférenciés, Adam et Eve hermaphrodites sans nation autre que la Terre et sans culture autre que celle de la consommation. Les courants messianiques découlent directement du christianisme à l’agonie, ayant échoué au bout de deux mille ans à faire évoluer l’Homme et à le libérer de ses penchants innés. Selon la pensée nietzschéenne, on pourrait qualifier ces mouvements de nihilistes, en ce sens qu’ils nient la nature de l’Homme, la culpabilisent et la répriment comme sources de tous les maux, imposant à l’Homme une mortification de sa chair et de ses instincts, toujours mû par une repentance et un déni de sa nature profonde. Voici ce qui vise le féminisme messianique : une répression des comportements innés des hommes et des femmes (mais surtout des hommes) et une mortification de leur chair afin de se repentir du péché patriarcal jusqu’à l’avènement du paradis sur terre. Ainsi arrivera la paix dans le monde : par l’interdiction de regarder une femme dans les yeux, par la criminalisation de la séduction et de l’humour et par l’obligation de l’homme de se soumettre à tous les desiderata sexuels de sa compagne. Ce messianisme est bien évidemment voué à l’échec, la nature profonde des individus, façonnée par des milliers d’années d’évolution, reprendra toujours le dessus et la répression des « mauvais penchants » n’a jamais donné d’autres résultats que la naissance de penchants encore plus mauvais.

Féminisme : la religion des faibles

Après avoir passé en revue les différentes inepties du féminisme moderne, on pourrait se demander ce qui peut bien attirer tant de gens dans cette idéologie. Nous allons d’abord voir les intérêts des femmes, puis ceux des hommes (si si, il y en a) et enfin ceux de l’élite qui la promeut.

Les femmes ont tout intérêt à adhérer à une idéologie qui les voit innocentes par principe, éternelles victimes d’un patriarcat omniprésent, sacrifice de l’orgueil masculin. Cette position très confortable de victime permet de quémander à peu près tout : la pitié, la complaisance, la sécurité matérielle et même le déni du réel. Peu importe ce que la femme peut faire de répréhensible, c’est parce qu’elle est victime de l’oppression qu’elle le fait, elle est excusée quoi qu’il arrive. L’homme qui trompe est un porc obsédé mais la femme qui trompe se sent juste seule et abandonnée. L’homme qui va voir des prostituées est un monstre qui encourage le trafic d’êtres humains mais la femme qui va voir un gigolo est une femme libre qui explore sa sexualité. L’homme qui tue ses enfants est une crapule égoïste mais la femme infanticide a seulement cédé sous la pression que lui impose cette société phallocrate. La femme gagne sur tous les tableaux, quitte à entrer dans une schizophrénie idéologique où elle est simultanément un être fort, égale à son rival masculin en tous points et une victime fragile d’une société qui l’étouffe. Elle peut par conséquent exiger qu’on dise partout qu’elle a la même force qu’un homme mais demander à son compagnon de la protéger en cas d’attaque, vouloir interdire la galanterie car trop machiste à son goût mais non sans attendre de l’homme qu’il paie au premier rendez-vous, revendiquer la parité dans toutes les professions mais se permettre de laisser les métiers pénibles aux hommes. Dans cette ère d’inversion totale des valeurs, les femmes qui réussissent ne sont plus celles qui prouvent leur force mais celles qui exhibent leurs faiblesses ; l’incompétence est acclamée dans un culte victimaire et la réussite est vue d’un œil soupçonneux, non comme le résultat d’efforts considérables et de travail acharné mais comme le simple fruit d’avantages sociaux. Le féminisme moderne et pleurnichard est la voie royale vers l’argent facile ; discrimination positive à l’embauche, indulgence quasi systématique des magistrats, utilisation régulière de fausses accusations d’agressions sexuelles pour écraser un rival masculin et subventions de toutes parts. De la même manière, une certaine vision du christianisme a, il y a un temps, glorifié la souffrance et élevé les faibles au rang de dieux, divinisant même un homme par sa faiblesse, et a jugé du plus mauvais œil les puissants. La femme est le nouvel agneau sacrificiel de la religion postmoderne, le nouveau martyr de l’injustice sociale, la figure christique devant laquelle tous les hommes pécheurs doivent ployer le genou.

Les attentifs remarqueront que les néoféministes, avides d’indifférenciation des sexes, s’attaquent plus souvent à la féminité qu’aux violences contre les femmes. Elles s’insurgent contre le diktat de l’épilation (mais continuent d’exiger des hommes un corps de dieu grec), combattent les concours de miss, cherchent à faire interdire les publicités qui utilisent l’image de jolies femmes. Elles revendiquent de nouveaux standards de beauté, qui n’en sont pas. Aucun homme ne trouvera jamais qu’une femme hirsute, acnéique et obèse aux mèches fluos est la femme idéale. Les critères de beauté sont relativement stables et universels hormis pour quelques spécificités culturelles (petits pieds en Chine, monosourcil au Turkménistan), la femme idéale reste pour toute culture une femme jeune aux marques de féminité fortes ; peau glabre, hanches larges, formes généreuses, bouche pulpeuse, grands yeux etc. Combattre ces indicateurs de féminité chez les autres femmes et chercher à abaisser artificiellement les standards esthétiques est une énième tactique inconsciente des néoféministes pour pouvoir se reproduire sans faire l’effort d’être attractive, et éliminer indirectement leurs rivales ainsi enlaidies. 

Les hommes, eux aussi ont un intérêt à adhérer à ce féminisme qui pourtant les voit comme la personnification du mal et coupables par nature. Cet intérêt réside, comme les néoféministes qui cherchent à enlaidir leurs concurrentes, dans une stratégie de séduction pour pouvoir se reproduire plus facilement. Le féminisme moderne haïssant la virilité, il permet à des hommes faibles de pouvoir trouver (en théorie) une compagne et de se reproduire sans réaliser les efforts que les hommes virils ont eu à fournir pour pouvoir faire la même chose. Le féminisme moderne est un paravent de la fainéantise de ces hommes vaincus qui préfèrent accuser la virilité d’être oppressive plutôt que d’essayer d’améliorer leur piètre capital sexuel. Ces derniers se retrouvent souvent perdants dans ce subterfuge, car s’ils étaient véritablement bien intentionnés dans leur féminisme, les femmes, elles, n’ont que faire d’une chiffe molle qui leur passe tous leurs caprices et rêveront toujours à des mâles dominants quand elles ne passeront pas carrément par la case adultère. Le succès de la littérature érotique le prouve : les héros des 50 nuances de Grey et autres ouvrages de « dark romance » ne sont jamais de gentils végan à la voix de fausset mais bien des hommes dominateurs, souvent abusifs, qui imposent leurs désirs sans condition aux femmes, et correspondent toujours aux critères de beauté du démon patriarcat : grand, mince, et musclé. Mais tous les hommes féministes ne sont pas bien intentionnés. Pour beaucoup, il ne s’agit que d’une entourloupe pour piéger des femmes naïves dans leurs filets et leur imposer par la suite, souvent sous couvert de liberté sexuelle, leurs fantasmes les plus malsains. Il y a eu des exemples récents de journalistes et chroniqueurs de gauche féministes impliqués dans des scandales de harcèlement sexuel et de sexisme au travail. Les plus grands donneurs de leçons sont souvent ceux qui ont le plus à se reprocher, c’était déjà vrai lorsque les prélats de l’Eglise catholique pourfendaient le sexe hors mariage tout en s’adonnant en secret à toutes sortes de pratiques avec leurs maîtresses, parfois au sein même des prélatures.

Le second intérêt de l’homme féministe n’est plus dans la séduction mais dans l’ego. S’infliger une morale qui l’accable le fait paradoxalement jouir car elle lui permet de se sentir plus pur, plus moral et plus gentil que les autres hommes. Il est l’exception qui confirme la règle, l’élu, le sauvé : celui qui a reconnu son péché originel et cherche la repentance vers l’homme nouveau. Dans son incompétence et sa faiblesse générales, la morale est tout ce qu’il lui reste pour affirmer sa valeur auprès de ses pairs.

Concernant les élites, les intérêts du féminisme sont divers. Il participe à la création d’un homme hors sol, sans tradition et sans racines, indifférencié et uniformisé chez qui l’identité ne se marquera plus par la culture et les rôles sexuels, mais par la consommation. L’homme sans sexe névrosé par son état devra combler son vide identitaire en se bricolant une identité artificielle via la consommation. La féminisation de l’homme ouvre les portes d’un immense marché dans les cosmétiques et des accessoires de mode. Pousser la femme au carriérisme la pousse dans les bras des grands patrons et hors du cercle familial où elle était encore relativement protégée de la frénésie consumériste. La destruction progressive du cercle familial et du couple monogame qui résultera de l’exaltation d’une pseudo libération des femmes entraîne(ra) un libéralisme sexuel, où une minorité d’hommes présentés comme modèles s’approprieront toutes les femmes dans un principe d’hypergamie tandis que les hommes jugés inférieurs, castrés et affaiblis par la moraline féministe, devront consommer massivement des alternatives payantes au sexe ; applications de rencontres, pornographie, prostitution et peut-être robots sexuels. La misère sexuelle des hommes représentera un marché juteux et limitera du mieux possible les velléités de rébellion de ces derniers vis-à-vis de la destruction progressive des peuples et des nations, trop occupés qu’ils seront à résoudre leurs névroses identitaires et leur famine sexuelle.

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