La bien-pensance et la censure sur internet en France (par Arturo)
Peut-on
s'exprimer librement en France ? L'internet francophone est-il un
espace de libre expression ? On aimerait répondre par l'affirmative,
malheureusement le constat aujourd'hui est amer. Alors oui, je peux
m'exprimer ici sur ce blog, mais qui va me lire ? Certainement pas
des milliers de gens. Où peut-on penser rencontrer des gens de
diverses opinions sur internet en quantité suffisamment
significative ? Hormis sur les réseaux sociaux, je ne vois pas
d'autres lieux, les forums et les blogs ne drainant que peu de
trafic. Alors oui, allons sur les réseaux sociaux. Et voyons.
J'ai
voulu partager la nouvelle de Bukowski sur le facebook de France
Culture... Bien entendu j'ai été censuré (pareil sur un groupe
dit "partage de livres et lectures", qui m'a carrément
bloqué, alors que mon commentaire avait reçu des remerciements pour
le partage, ils ont dû se dire après coup que la nouvelle de Buko
n'entrait pas dans la Charte du politiquement correct... on les
comprend !). Et désormais mon compte perso et le compte de la page
créée pour le blog sont blacklistés. En plus c'est hyper
pernicieux car quand on est connecté avec son compte, on voit nos
commentaires apparaître, donc l'on ne pense pas être censuré. Mais
on voit aussi plein de commentaires qui reçoivent des réactions et
nous on n'en reçoit aucune alors qu'on vient apporter un commentaire
a priori un peu clivant, ce qui paraît étrange. Alors on se
déconnecte du site et on voit qu'en fait notre commentaire
n'apparaît pas. Alors que quand on est connecté, tout va bien, on
le voit. C'est beau quand même la technologie !
C'est
ingénieux, la personne ne se rend pas vraiment compte qu'elle est
censurée, à part si comme moi, elle fait l'expérience de visiter
la même page hors connexion. En l'occurence je voulais proposer un
peu de saine lecture aux chers auditeurs et lecteurs de France
Censure, euh Culture. J'ai commenté sur un article parlant des
"sensitivity readers", des gens payés par les éditeurs
aux Etats-Unis pour sélectionner les bouquins pour qu'ils ne
heurtent personne et plaisent aux "minorités". C'est ça
le progrès aujourd'hui. C'est ça le camp du bien. Et il faut
applaudir, ou se taire. Bordel la gueule de la littérature, ça doit
être quelque chose. Avec eux Amélie Nothomb passera sans doute pour
une grande subversive. On en est là aujourd'hui.
Car
oui, on peut vraiment parler d'un camp du bien, et de bien-pensance.
Un totalitarisme idéologique qui n'admet pas la contradiction, qui
n'admet pas l'humour, qui n'admet pas grand-chose en réalité.
Essayez donc par vous-même d'opposer des critiques sur les articles
des pages facebook des grands médias ou même sur leurs sites, vous
risquez de vite déchanter. Si vous pensez à 100% comme eux, alors
tant mieux pour vous, mais même si c'est le cas, ne vaut-il pas
mieux entendre d'autres sons de cloches, histoire de confronter ses
opinions, ses arguments à la validité ?
Ce qui
est tristement drôle, c'est que France Culture se targue d'être
synonyme d'ouverture d'esprit, d'être le symbole de la pensée
libre. Alors à quoi bon partager des articles, si seuls les
commentaires qui vont dans leur sens sont publiés, et que tout le
reste se fait censurer puis le compte blacklisté, avec en plus
l'illusion donnée que vous avez pu vous exprimer ? D'autant que je
n'ai jamais apporté de "contenus haineux" dans mes rares
interventions facebookiennes (encore une loi d'ailleurs qui a permis
de renforcer la censure au nom de la "lutte contre la haine",
une belle entourloupe oui). Je ne pratique pas Twitter mais de ce que
j'ai compris on peut très vite être bloqué, et c'est la même
merde. On ne peut pas s'exprimer, hormis pour bêler avec la masse et
acquiescer sagement le contenu qu'on nous propose. Ou peut-être
pouvez-vous dire un "je ne suis pas d'accord", mais si vous
arrivez avec des arguments, une logique et un discours construit, je
gage que vous allez vite subir le même sort que moi.
Les
bien-pensants osent prendre à la dérision au grand jour ceux qui
les pointent du doigt. J'ai pu lire nombre d'articles et entendre des
interventions dans les médias qui moquent ceux qui osent dire "on
ne peut plus rien dire aujourd'hui en France." Ben oui, mes
cocos, c'est pourtant la réalité. Mais il faudrait rectifier la
maxime : on ne peut plus rien dire en France qui sorte de l'opinion
dominante. Est-elle réellement dominante d'ailleurs ? J'ai plutôt
tendance à penser que ce sont des minorités agissantes qui font
l'opinion, et le rouleau compresseur de la propagande étatique fait
son travail de sape derrière. Au nom du progressisme, au nom de la
tolérance, au nom de la liberté d'expression. C'est qu'ils osent
tout ces cons. Ils sont plein de beaux principes dans la bouche, mais
quand il faut appliquer ces principes, il n'y a plus personne.
Banni
des réseaux sociaux, je ne vois pas comment faire la promotion du
blog, comment partager nos textes, susciter des réactions et créer
des émules... J'ai un moment songé à lancer une maison d'édition,
ou même une revue mais ce serait un peu le même problème en fin de
compte. Nous n'avons pas accès à la diffusion / distribution si
l'on propose du contenu qui va à l'encontre de la bien-pensance, si
l'on n'est pas dans les clous. A moins d'être un personnage
médiatique et de faire du buzz, on est impuissant pour
faire entendre des idées c'est fou, tout est cloisonné. On se
croirait dans une dystopie, et non c'est bien la réalité de la
France en 2020. Tout est fait pour ne pas sortir la masse du chemin
bien-pensant. C'est désespérant. Et quand on nous dit que la France
se classe derrière des pays comme la Russie ou la Hongrie au niveau
de la liberté d'expression et de la censure, faudrait peut-être
commencer à se remettre en question non et arrêter de croire que la France est le pays des droits de l'Homme ?
France
Culture, France Inter et consort, je vous applique votre programme
depuis un bon moment déjà : le boycott. Et la redevance vous pouvez
vous la foutre au cul.
France Cul...
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